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1. |
L'Etourneau
04:43
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J’aimerais entonner un sonnet
Mais j’ai oublié, oublié
Combien de vers, combien de pieds
Je suis un étourneau sansonnet
J’aimerais seriner un sonnet
Mais j’ai oublié, oublié
La méthode qu'il faut employer
Je suis un étourneau sansonnet
Je suis un étourneau sansonnet...
Lorsque je trouve un ver
Je ne l’avale, je ne l’ingère
Mais de ma plume aux reflets verts
Je le transforme en éphémère
Libellule, tu papillonnes
Et ton bourdonnement résonne
Dans ma p’tite tête de moineau
Pardon ! Je suis un étourneau
Étourdi comme c’est pas permis
Je m'nourris des sons de Paris
Les badaboum, les slam, les paf
Traversent mon crâne de piaf
Et puis ça ressort par mon bec
En d’étranges salamalecs
Sans queue ni tête de linotte
Mélodieuses sont mes fausses notes
Oui je m’inspire de toutes choses
Des tourterelles, des rossignols
Et même des klaxons des bagnoles
Que je transpose dans ma prose
Certains disent : c’est du charabia
Mais c’est la clameur de la ville
Dont j’interprète le fracas
Pardon ! Je n’suis qu’un volatile
Oui j’ai tendance à oublier
Qui je suis et qui j’imite
Je suis un étourneau sansonnet
Je suis un imposteur émérite
Alors je jase, alors je piaille
Quand d’autres aux corneilles baillent
Je gazouille pour oublier
Que personne ne m'a sifflé
Et je dédie ce monologue
Aux poètes ornithologues
Je suis un étourneau sansonnet...
J’aimerais entonner un sonnet
Mais j’ai oublié, oublié
Combien de vers, combien de pieds
Je suis un étourneau sansonnet
J’aimerais seriner un sonnet
Mais j’ai oublié, oublié
La méthode qu'il faut employer
Je suis un étourneau sansonnet
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2. |
Madame
04:05
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Bonjour madame, j'aimerais vous rentrer dedans
Je sais bien que pour faire du charme, il y a des mots plus élégants
Mais c'est mon drame, je parle cru car par les temps
Qui courent, les beaux discours sont une affaire de charlatans
Je pourrais vous parler d'amour, mais c'est votre corps qui m'inspire
C'est lui dont le moindre contour transpire le stupre et le désir
J'aimerais m'y introduire nuitamment comme un brigand
Visite du bout de ses gants une vitrine de diamants
J'y entrerai sans effraction, madame, vous m'ouvrirez la porte
Je verrai la délectation dans votre regard qui m'escorte
Je vais être explicite mais vous m'avez déjà compris
La place que je sollicite n'est pas celle de votre esprit
Bonjour madame, j'aimerais vous rentrer dedans
Je sais bien que pour faire du charme, il y a des mots plus élégants
Mais c'est mon drame, je parle cru car par les temps
Qui courent, les beaux discours sont une affaire de charlatans
L'étincelle de mes écrits, c'est vous qui l'allumez, madame
Je suis épris de poésie dès que votre vision m'enflamme
Au lieu de digressions, je me dois d'aller droit au but
A l'art de la conversation, j'aime mieux celui de la culbute
Souffrez donc que je vous bouscule dans mes paroles et dans mes gestes
Vos soupirs seront majuscules sous le délié de mes caresses
Je n'ai pas de tendresse à vous offrir dans ma diction
La seule sensation qui naisse en vous voyant, c'est l'érection
Bonjour madame, j'aimerais vous rentrer dedans
Je sais bien que pour faire du charme, il y a des mots plus élégants
Mais c'est mon drame, je parle cru car par les temps
Qui courent, les beaux discours sont une affaire de charlatans
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3. |
Argent et Poésie
03:28
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On connaît leurs manières
On connaît leurs façons
Argent et poésie n'font pas bon ménage et pourtant
Dans les milieux d'affaires on se prétend poète
Faut dire qu'une ribambelle de zéros en goguette
Suivis d'un signe euro, ça fait une rime honnête
CAC et Nasdaq sont les inventaires à la Prévert
Des pros du billet doux, des pros du prix du billet vert
Fusions, acquisitions et leur logorrhée de jargon
S'allient en farandole pour faire une allitération
Ils ont les chiffres, j'ai les lettres, ils ont la triche, on a la dette
Ils sont fortiches en tirades, fortiches en sornettes
Plan social en trois actes et évasion en Fiscalie
Voilà c'que je déduis de leurs obscures didascalies
Politique et poésie n'font pas bon ménage et pourtant
Dans les ministères ça taquine la muse
Ça fuse, ça ruse et même ça en abuse
Quand ces pseudo-Zola aboient en choeur "J'accuse"
"J'accuse l'Europe, j'accuse l'islam
J'accuse le rap et demain j'accuse le slam”
Ils clashent un max de monde pour masquer leur incompétence
Et maquillent le tout avec un vernis d'éloquence
Ils filent la métaphore de la peur, de l'angoisse
Ils épuisent le champ lexical du chômage de masse
Ils soignent la forme et surtout le fond
Qu'ils détournent en rétrocommissions
On connaît leurs manières
On connaît leurs façons
Religion et poésie n'font pas bon ménage et pourtant
Dans les évêchés on n'a pas peur de la page blanche
On noircit des feuilles d'anathèmes en avalanches
Et on s'épanche sur un monde où les belles croyances flanchent
On écrit de la prose sous le sceau de l'orthodoxie
Les mots, trop corsetés, n'sont pas loin de l'apoplexie
On parsème ces pamphlets de coquettes homophonies
Sans parvenir à retenir des relents d'homophobie
Mais ils ont beau trimer, mais ils ont beau suer
Tout l'monde n'a pas le talent de Bossuet
Ils peuvent bien me promettre pour seul horizon les ténèbres
Ça n'm'empêche pas de prononcer leur oraison funèbre
Médias et poésie n'font pas bon ménage et pourtant
Dans les rédactions, on n'manque pas d'inspiration
C'est vrai que pour servir chaque jour sa ration
De belles histoires au peuple, il faut de l'imagination
Alors ils font leur ce vers de Baudelaire
“Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or”
Et puis ils l'assortissent au plus sordide faits divers
“Le mort bougeait encore”, quel joli oxymore
Ça deale du scoop à la découpe, ça vend du ragot en gros
Ça brasse de l'air, ça scande infos et météo
Ça déclame sur tous les tons des odes aux stars du Téléthon
L'hiver est russe, l'été letton, cette rime est nase, je laisse béton
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4. |
Zine
04:48
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En rentrant de l'usine, j'aperçois Zine
Zine, Mélusine, dis-moi, quand est-ce qu'on dîne ?
Le meilleur tajine, c'est celui de Zine
Zine ma voisine, pas Zine el-Abidine
Quand Zine se dandine dans sa cuisine
J'ouvre grand mes narines, ça les taquine
Mon cœur crie famine, il tambourine
Frappe à ta cantine, ouvre-lui, ma zibeline
Zine...
Je n'ai ni copine ni concubine
Quand je vois tes cousines, Zine, j'hallucine
Je les imagine en libertines
Lèvres assassines au goût de mandarine
J'ignore la lingerie fine dans les vitrines
C'que j'aime c'est ta poitrine d'agneau, elle est divine
Aux courbes féminines des magazines
Je préfère ton échine sous le feu de mes rétines
Zine...
La reine en cuisine s'appelle Zine
J'aime beaucoup Zine, c'est ma voisine
Jolie ballerine, j'te baratine
Emoji aubergine, mais tu te débines
J'aimerais qu'on se butine, toi tu te mutines
De ta voix cristalline s'envole un rire de gamine
Pourtant de ta bouche câline à mes canines
Il n'y a qu'un plat, Zine, pour qu'on s'acoquine
J'aimerais joindre mes babines à tes tétines
Mélanger ma résine dans ta verrine
Zine...
La reine en cuisine s'appelle Zine
J'aime beaucoup Zine, c'est ma voisine
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5. |
Une Bombe dans mon Sac
03:39
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Tic tac tic tac, j'ai une bombe dans mon sac
La menace en besace, l'Amérique en Irak
Clic clic clic blam ! Attention j'ai une arme
Oncle Sam me l'a vendue au prix du pétrole et des larmes
Tic tac, tic tac, j'ai une bombe dans mon sac...
Tic tac, tic tac, la tactique est intacte
Tic tac, tic tac, j'ai une bombe dans mon sac
Si j'explose, je propose un nouveau Patriot Act
Clic clic double-clic, mes attaques informatiques
Justifient la restriction de vos acquis démocratiques
Tic tac, tic tac, j'ai une bombe dans mon sac
Ça fait flamber l'audimat et les ventes de matraques
Toc toc toc toc, mais qui frappe à la porte ?
Les murs ont des oreilles et la NSA vous escorte
Tic tac, tic tac, j'ai une bombe dans mon sac...
Tic tac, tic tac, la tactique est intacte
Tic tac, tic tac, j'ai une bombe dans mon sac
Y'a des flics sur le tarmac, des charters pour les Kazakhes
Tic tac, tic tac, j'ai un réveil dans mon sac
Il est temps de se rendre compte qu'on est tous victimes de l'arnaque
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6. |
Le Plus Beau du Quartier
04:58
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T'as l'plus beau cul du quartier et mon langage de charretier
N'arrive pas à restituer de ton derrière la beauté
T'as l'plus beau cul du quartier, avant que vous ne partiez
Mesdames et messieurs, écoutez et fermez les yeux
De ta fenêtre ouverte, les profondeurs de ton être
Ne se dévoilent à moi que dans mes rêves et ma tête
Est pleine de ta chair, oui de la chair de ton derrière
Des visions extraordinaires dont je n'suis pas fier
Mais je suis possédé, je n'souhaite que poser des
Mains zélées sur ta peau zébrée
D'ombre et de la lumière des réverbères
Qui à travers les persiennes caresse tes deux hémisphères
Tu descends de chez toi dans une robe légère
Je dévale les escaliers sous l'oeil ahuri des mégères
Juste assez vite, vite, pour te voir au coin de la rue
Et pour suivre, suivre, les balancements de ton cul
Je te file, je te piste, je me rapproche de toi
Et sous mes yeux, à chaque pas, ton fessier mord dans la soie
Je halète, tu t'arrêtes et je frôle ta croupe offerte
A mon imagination fertile en pensées secrètes
Allongée dans l'herbe fraîche d'un square de la ville
Tu somnoles, insouciante, ta respiration tranquille
Soulève tes hanches, éveille mes sens
J'aimerais être ce vent léger qui vient lécher en confiance
Le velouté de tes cuisses, tes belles fesses frémissent
J'aimerais être ce frisson et glisser avec délice
Sur tes courbes exquises, pulpeuses, sensuelles
J'aimerais être ce brin d'herbe qui vient chatouiller ta dentelle
T'as l'plus beau cul du quartier et mon langage de charretier
N'arrive pas à restituer de ton derrière la beauté
T'as l'plus beau cul du quartier, avant que vous ne partiez
Jusqu'aux septièmes cieux, j'vous conseille de rouvrir les yeux
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7. |
Y'en a qui...
02:50
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Y'en a qui se lisent
Y'en a qui se disent
Y'en a qui se taisent
Car y'en a qui sottisent
Y'en a qui s'autosuffisent
Y'en a qui s'autocensurent
Y'en a qui s'autorisent un langage de raclure
Y'en a qui s'égosillent, y'en a qui s'égotripent
Y'en a qui s'étrillent et puis y'en a qui s'étripent
Y'en a qui satrapent, y'en a qui satirent
Y'en a qui se rappent pour le meilleur et pour le pire
Y'en a qui se clament, y'en a qui se slament
Y'en a des pleins d'esprit et puis y'en a des sans âme
Y'en a qui sanglotent, y'en a qui s'engluent
Y'en a qui sans blague et d'autres sans retenue
Y'en a qui riment
Y'en a qui prosent
Y'en a qui friment
Y'en a qui osent
Y'en a qui s'improvisent
Y'en a qui s'apprivoisent
Y'en a qui séduisent avec des allusions grivoises
Y'en a qui s'étirent
Y'en a qui s'abîment
Y'en a qui sabirent
Y'en a qui subliment
Y'en a qui se plantent
Y'en a qui s'empêtrent
Y'en a qui se chantent et font monter l'applaudimètre
Y'en a qui sermonnent, y'en a qui parjurent
Y'en a qui marmonnent, y'en a qui murmurent
Y'en a qui épurent, y'en a qui raturent
Y'en a qui envoient mais j'en vois qui saturent
Alors y'en a qui développent, mais moi j'agrège
Y'en a qui radotent, allez j'abrège
Y'en a des idéalistes, y'en a des surréalistes
Mais y'a dans tous les cas des poèmes d'artistes
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8. |
Après Tout
04:36
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Après tout on s’en fout si mes rimes sont pas à la hauteur
Mes potes me jugent pas sur mes écrits d'auteur
C'qui compte, vivre, rien de plus urgent
Après tout on s’en fout si j’ai plus d’argent
Pas besoin d’élan pour aller de l’avant
Ne pas se retourner sur un passé décevant
Après tout on s’en fout si cette nuit je dors pas
Après tout je m’en fous si elle me rappelle pas
Traîner au lit après que le réveil a sonné
Après tout je m’en fous si elle me rit au nez
Allez c’est ma tournée, tchin-tchin, santé
Et les projets à court terme me font rêver
Qu’il est bon de se laisser porter par la vie
Remettre à demain c’que j’aurais pu faire aujourd’hui
Après tout on s’en fout s’il faut être ponctuel
Esclaves des horaires
Après tout on s’en fout si j’vois pas plus loin qu’une année
Après tout on s’en fout si j’dors pas assez, j’suis vanné
Je n’me rase plus et mes chaussures n’ont plus de semelles
Et au fond de l’évier s’accumule la vaisselle
Dehors les oiseaux chantent et le soleil étincelle
Après tout je m'en fous si elle est chaque jour plus belle
J'ai pas de temps à perdre avec leurs contraintes
J'ai du temps à perdre derrière une pinte
La vie est courte mais la flemme de recommencer du début
Après tout on s’en fout si y’a trop d'soirs où j’ai bu
Ne regretter aucun de mes actes passés
Après tout on s’en fout si on n’fait que passer
Aviser dans une vie nourrie par l’insouciance
Respirer un bon coup pour alléger sa conscience
Après tout on s'en fout s'ils appellent ça indécence
S'ils appellent ça insolence
Après tout on s’en fout si mes rimes sont pas à la hauteur
Mes potes m'en tiendront pas rigueur
Qu’on crise, qu’on tise et qu’on relativise
Et après tout je m’en fous si elle est indécise
Prendre du plaisir à culpabiliser
En cultivant l’inactivité même débordé
Après tout on s’en fout s’ils condamnent le bonheur
Et leurs regards méprisants me font honneur
Après tout on s’en fout s’il faut soigner son paraître
Après tout je m’en fous si elle peut rien m’promettre
J’veux pas d'promesse, concrétiser mon existence
Donner vie au présent, peu importent les conséquences
Après tout on s’en fout si je suis immature
C’qui compte, c’est que je reste nature
Que jamais rien ne pèse sur ma sainte ossature
Si tu satures, applique ce slam sur tes blessures
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Empo Montpellier, France
MC, slameur et beatmaker influencé par le rap des années 90. Ni East Coast ni West Coast, hip-hop low cost.
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